En matière de cloud, le DSI a ses préférences, que la réalité contredit. De même, il aurait perdu le contrôle des dépenses ‘online’. Et ce sont les développeurs qui imposent le choix du cloud.
Les chiffres des usages du cloud dans l’entreprise révélés par l’étude Morgan Stanley CIO 2016 sont porteurs de confusions.
Si l’on interroge les entreprises sur l’usage du cloud :
- 21 % utilisent AWS (Amazon)
- 12 % utilisent Azure (Microsoft)
Si l’on interroge les DSI sur l’usage du cloud :
- 31 % choisissent Microsoft Azure
- 30 % choisissent Amazon AWS
Et si l’on interroge les résultats des deux éditeurs :
- AWS a réalisé un chiffre d’affaires de 2,56 milliards de dollars… au cours du dernier trimestre
- Microsoft Azure a réalisé un chiffre d’affaires de 1,1 milliard de dollars… sur l’année 2015
Les derniers chiffres, estimations de Morgan Stanley, sont impressionnants, sur l’année AWS aurait vendu près de 8 fois plus qu’Azure !
Le DSI à l’index
Il y a quelque chose qui ne va pas dans ces chiffres... Selon les analystes de Morgan Stanley, ce serait le calcul du DSI qui ne tiendrait tout simplement pas debout ! Une affirmation qui s’appuie également sur les 55 % de DSI qui se sont affirmés sans cloud public, ce qui est faux puisqu’aujourd’hui tout le monde ou presque exécute des applications dans le cloud public, souvent en mode shadow IT, mais ils ne peuvent l’ignorer.
Deux phénomènes peuvent expliquer ce décalage : soit le DSI ne sait pas exactement ce qui se passe dans son entreprise, soit il a perdu le contrôle ! Et les deux affirmations sont recevables.
Il est trop tard pour le DSI
La réalité est certainement plus dure à entendre pour le DSI : il a perdu le contrôle des dépenses de l’entreprise sur le ‘online’. Une affirmation étayée par une étude de 451 Research, pour qui l’autorité de la prise de décision dans l’entreprise est en train de changer, au profit des métiers et des développeurs.
Si les DSI continuent d’investir dans le cloud privé, voire dans le cloud hybride, leur lutte pour conserver le contrôle des dépenses IT serait perdu ! En particulier, la croissance du cloud public étant autrement plus rapide que celle du cloud privé, le rythme de l’innovation s’accélère sans attendre le DSI.
Quant aux développeurs, ils considèrent aujourd’hui le cloud comme une commodité, et à ce titre leur préférence va vers AWS. Si les DSI continuent de clamer leur enthousiasme pour le cloud de Microsoft, et pour Microsoft en général, les chiffres d’Amazon rappellent que les dépenses dans le nuage leur échappent en partie.
Notre remarque :
La conclusion de Morgan Stanley est la perte de contrôle du DSI, tant du cloud que des dépenses IT. Ce n’est cependant pas ce que nous ressentons au contact des DSI français. Chez lesquels nous soulignerons plutôt les retards accumulés en matière de déploiements du nuage. Alors certes les métiers évoluent dans le cloud sans en référer au DSI, mais ce dernier a encore un rôle à jouer.
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